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Pour protéger ses ressources en eau, la communauté de communes du Plateau Picard collabore avec ses agriculteurs

Afin de protéger ses ressources en eaux dans ses puits de captage, la communauté de communes du Plateau picard conduit des actions avec les agriculteurs pour les aider à limiter l’usage des produits phytosanitaires. Nous avons interviewé Fanny Barré, responsable du service eau et assainissement de la Communauté de Communes du Plateau Picard pour en savoir plus.

Pourquoi avoir décidé de se lancer dans cette initiative ?
Nous avons toujours travaillé avec les agriculteurs du territoire. Cela remonte aux années 2000. Nous avons eu un premier contrat, le contrat rural puis un contrat territorial en 2005. Ensuite, en 2007, nous avons été opérateurs pour la mise en place des mesures agroenvironnementales des territoires (MAET). Nous avons continué en 2015 avec les mesures agroenvironnementales climatiques (MAEC). Je suis arrivée en 2009, au moment ou les MAET prenaient un essor important. Les agriculteurs trouvaient que ces mesures étaient très efficaces mais la question était de savoir comment y arriver réellement d’un point de vue technique. C’est pour ça que nous avons mis en place un groupe d’agriculteurs qui a aujourd’hui un conseil indépendant pour réduire l’utilisation des produits phytosanitaires.

Quelles étaient les mesures agroenvionnementales ?
Il existe différents types de mesures agroenvironnementales. De notre côté, nous nous sommes principalement axés sur les mesures de baisse de l’utilisation des produits phytosanitaires avec la réduction des Indices de fréquence de traitement (IFT). Les agriculteurs qui s’engagent à limiter l’utilisation des produits phytosanitaires sur les bassins d’alimentation de captages bénéficient d’un dispositif d’aides, ainsi qu’un support financier de l’État sur cinq ans. La première année, les agriculteurs doivent diminuer de 20 % leurs IFT, la seconde année jusqu’à 30%, la troisième jusqu’à 40% et la cinquième ils arrivent jusqu’à 50 %. Ce n’est pas un indice réellement lié a l’exploitation, mais un indice de référence de territoire. Il y a un coté très pédagogique. La première mesure était à -35 % d’IFT, ce qui permettait aux agriculteurs de mettre le pied à l’étrier et de commencer à réduire l’utilisation des produits phytosanitaires. Nous avions aussi des mesures sur la biodiversité pour remettre en place des prairies, des haies, etc

Quel est le rôle de la Communauté de communes ?
La Communauté de communes est là pour faire de l’animation sur le sujet. C’est là où nous sommes venus mettre un petit plus, car le but de ce que nous avions mis en place n’était pas que l’agriculteur fasse des efforts pendant 5 ans seulement, mais que ce soit une diminution qui reste pérenne dans le temps, même après l’arrêt des subventions. En 2011, un groupe de cinq agriculteurs s’est constitué. Aujourd’hui, il y en a une vingtaine dans ce groupe. Nous mettons à disposition un technicien qui conseille, qui fait réfléchir les agriculteurs sur leur façon de travailler, etc. Nous avons une vision de longue durée. Nous travaillons avec l’institut UniLaSalle de Beauvais, une école d’ingénieurs en agronomie. Nous travaillons avec eux et les étudiants. Notre souhaitons avancer sur les cultures intermédiaires et réfléchir à comment les valoriser. La culture intermédiaire est très intéressante dans le domaine de la protection des ressources en eaux.

Pourquoi avoir agit dans ce domaine ?
La Communauté commune du plateau picard a la compétence de la protection des ressources en eaux. Par rapport à ça nous avons toujours fait des actions avec les agriculteurs. Ça a été une suite logique d’aider les agriculteurs dans ce domaine-là. En tant que Communauté de communes, le retour qu’on nous renvoie est par rapport au captage, à la protection de la ressource. Nous ne voulons pas avoir de problème de produits phytosanitaires au niveau de nos captages. Nous avons 21 captages sur nos territoires, le but est le but est de protéger les ressources en eaux.

Quelles sont les actions d’aujourd’hui ?
Nous travaillons sur les techniques alternatives qui peuvent exister pour diminuer l’utilisation des produits phytosanitaires. Nous nous demandons ce que nous pouvons faire, ce qui peut être mis en place au niveau variétale, et d’aides de semis, etc. Nous voulons diminuer l’utilisation des phytosanitaires. C’est ce que nous appelons la protection intégrée. Le groupe d’agriculteurs travaille sur cette question. Au fur et à mesure des années, nous avons ouvert les choses et nous travaillons de manière plus globale sur les techniques alternatives. Aujourd’hui, nous avons une vingtaine d’agriculteurs. Il n’y a pas d’obligation et chacun test ce qu’il veut tester. Ensuite, il y a des retours des uns et des autres sur ce qui fonctionne ou pas.

Quels impacts mesurez-vous ?
Nous n’avons jamais fait l’étude pour savoir en combien de temps une goutte d’eau arrivait au captage et du coup savoir en combien de temps nous pourrions avoir un retour. Nous pensons que c’est autour de 20 ans donc nous ne pouvons pas réellement mesurer le bénéfice de tout ça par rapport à la protection de l’eau. C’est un projet à très long terme. C’est ce qui est problématique aujourd’hui. Nous avons des agriculteurs qui travaillent depuis plusieurs années sur le sujet, mais qui n’en voient pas les résultats directs. C’est difficile de garder les gens motivés quand ils ne voient pas les résultats.

Quelles difficultés avez-vous rencontré ?
Rassembler les agriculteurs, faire un groupe moteur, ça n’a pas été simple. Ce n’était pas gagné d’avance avec 5 agriculteurs seulement au début. Ce qui a beaucoup aidé a été le bouche à oreille. Nous avons eu un technicien pendant 6 ans qui a vraiment convaincu les agriculteurs. Il est important d’avoir un bon technicien pour l’accompagnement du groupe d’agriculteur. Il ou elle va devoir répondre aux questions, va devoir être la personne qui fédère l’ensemble des agriculteurs. Par rapport à la mise en place du plan d’action, il y a la chambre de l’agriculture, des représentant de l’agence de l’eau, des représentant de l’État, etc. Il faut que chacun s’accorde sur ce qu’il souhaite voir dans ce plan d’action et cela a été compliqué. Nous travaillons avec une petite dizaine d’acteurs.

Combien vous coûte cette initiative ?
Nous avons un budget de 30 000 euros. Cela correspond au conseil du technicien annuel ainsi que les choses que nous pouvons faire à coté, tel que le projet UniLaSalle. Nous avons des subventions de la part de l’Agence de l’eau.

Propos recueillis par Claire Plouy