Pour mettre l’accent sur le développement durable et permettre à sa population de se retrouver autour d’un projet commun, Daniel Lefort, Maire de Champneuville (55) a décidé d’aménager une ancienne friche pour en faire un « Jardin – Théâtre ». L’initiative a été entièrement réalisée en co-construction avec les habitants qui souhaitaient s’engager dans le projet. Daniel Lefort a répondu à nos questions.
Pouvez-vous me parler de votre jardin ?
Le jardin-théâtre est un projet qui est dans la continuité des travaux que nous menons depuis 2008. Nous nous sommes engagés dans la pratique du développement durable sur notre commune depuis un appel a projet du département de la Meuse en 2009. Cet appel d’offre demandait des dossiers pour la mise en pratique du développement durable sur un territoire meusien. Nous avons été le seul projet retenu sur cet appel à projet. Dans ce cadre-là, nous avons rénové notre mairie et notre salle des fêtes. La construction datait de 1920. Nous avons donc voulu les refaire, à l’identique et en gardant l’architecture, mais avec la possibilité de faire de l’économie de fonctionnement, notamment en terme d’énergie. Nous avons donc fait une rénovation très efficiente en terme d’énergie. Elle a d’ailleurs même été prise en exemple par la Commission européenne. L’UE nous a bien aidés au niveau des subventions. La mairie et la salle sont le seul patrimoine que nous avons. Quand nous avons terminé les travaux en 2013, il nous restait à aménager les extérieurs. Derrière la mairie, il y avait une friche et nous avons voulu nous lancer dans une démarche participative. L’intérêt de ce jardin-théâtre n’est pas obligatoirement son nom. Derrière le nom, c’est surtout la démarche avec laquelle nous avons conduit le projet qui a été reconnue. Nous voulions que la population soit prise en compte. Dans l’esprit que nous avons depuis 2008, c’est-à-dire le respect de la nature, de l’humain, mais aussi de la gouvernance qui va avec, c’est a dire de prendre des décisions de manière participative.
Quel est votre processus participatif ?
Nous avons voulu qu’à chaque étape ou décision discutée au Conseil municipal, il y ait des réunions publiques. Dans ces réunions, il y avait notamment des partenaires tels que le CPIE (Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement) qui pouvaient nous conseiller sur comment refonder cette friche correctement. Nous voulions que ce jardin ne soit pas seulement un jardin public avec un jeu comme nous pouvons le voir dans certains endroits. Nous voulions qu’il puisse avoir plusieurs vocations. En travaillant avec le Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement, et en vue de l’endroit où nous nous trouvons (la vallée de la Meuse), il était intéressant que cela devienne un outil pour sensibiliser la population à la protection de la biodiversité locale. C’est notre quotidien, nous avons sous les yeux cette faune et cette flore, mais elle est en danger. Nous nous sommes engagés dans cette démarche-là. Tout au long de la réflexion avec les différents acteurs, nous présentions notre scénario à la population. Celle-ci nous accompagnait pour savoir ce que nous faisions ou pas. Pour chaque étape, nous avons recruté un groupement d’entreprises pour réaliser ce projet. Ces entreprises devaient avoir à la fois toutes les compétences nécessaires pour la réalisation de notre projet, mais aussi d’autres critères comme la possibilité d’embaucher des personnes en réinsertion. De plus, les entreprises devaient respecter la demande de la commune de respecter le développement durable. Les travaux devaient être expliqués. Par exemple pourquoi défricher au lieu de brûler. Au moment de l’appel d’offres, nous avions mis des critères particuliers et les entreprises devaient s’engager à les respecter. Dans le groupement d’entreprises, nous avons retrouvé le CPIE, des lycées professionnels, le CAUE, etc.
Pourquoi pensez-vous que c’est important d’inclure la population dans la démarche ?
Quand nous mettons le développement durable en pratique il y a trois piliers : l’environnement, le social et l’économique. De mon côté, j’ai toujours rajouté un quatrième : la gouvernance participative. Il n’aurait pas eu d’intérêt pour notre village si le Conseil municipal avaitt pris la décision de s’engager sans la participation citoyenne. Il n’y aurait pas eu d’appropriation au niveau des différentes étapes. Si vous sautez cette étape, la gestion n’est pas la même. Aujourd’hui il y a du bénévolat, car la population a co-construit le jardin avec nous. Le jardin est assez particulier, car il a des vocations inhabituelles et il y a un bien-être quand nous sommes dans ce jardin. Nous avons fait beaucoup des choses qui ont été proposées par les habitants. Par exemple, nous avons gardé un coin dans la friche pour que les enfants puissent construire une cabane dans les arbres. Pendant qu’il y avait les travaux, les enfants venaient travailler sur leur cabane.
À quoi sert ce jardin au quotidien ?
Il y a toujours quelqu’un dans ce jardin, et pas toujours des habitants de notre village. Les gens viennent se ressourcer dedans. Nous sommes en pleine campagne, il y a du silence, de la verdure, des paysages intéressants. Il y a des tables de pique-nique. Des touristes viennent à vélo via la voie verte. C’est une source de curiosité. Le jardin fait 2500 mètre carré. De plus, au début de notre démarche, nous nous sommes associés avec la NJC. Dans ce partenariat, la NJC nous amène des spectacles. Il y a une petite scène dans le jardin qui sert pour les spectacles.
Combien vous a coûté ce projet ?
Les travaux nous ont coûté 150 000 euros dont 110 000 de subvention. Nous entretenons nous-même le jardin et ses accessoires. Nous avons les techniciens de la mairie ainsi que des bénévoles de la commune.
Propos recueillis par Claire Plouy