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Pau : Défi "familles Zéro déchet et à Énergie positive", la ville fait le bilan

Depuis plusieurs années, de nombreuses collectivités ont décidé de sensibiliser leurs habitants à l’écologie en leur proposant des défis. Mais avec quel résultat et pour quel bilan ? La ville de Pau vient de conclure un défi « familles Zéro déchet et à Énergie positive ». Les 59 familles ont économisé 43 300 kWh soit – 6,6 % par rapport à leur consommation de l’année dernière. Cela représente l’équivalent de 6 tonnes de CO2 ou environ 1,7 tour de la terre en voiture. Les 56 familles Zéro Déchet ont quant à elles réduit le poids de leurs poubelles de 40%, soit 5,8 tonnes de détritus évités. Mais au delà des chiffres, c’est aussi un bon moyen de mettre en action ceux qui veulent agir pour la planète.
Pour en parler, La Part du Colibri a interviewé Pascal Boniface, adjoint au maire de Pau en charge de l’environnement, du développement durable et des transports.
Pour naviguer dans l’interview, cliquez sur la question qui vous intéresse, et retrouvez la réponse en format texte.
Sommaire :

Pourquoi avez-vous proposé ce challenge aux habitants ?
L’idée « Familles Energie positive » ne vient pas de nous, elle existait déjà sur d’autres territoires (Aveyron, Midi Pyrénées). Nous nous sommes dit que ce serait une bonne opportunité pour Pau, et nous avions déjà des actions comme « Familles zéro Déchet, zéro gaspillage ». Nous sommes attachés à toutes ces politiques publiques pour toucher les enfants et les familles. C’est pour cette raison que, depuis quatre ans, dans toutes les écoles de Pau, y compris dans les écoles privées, il y a des projets pédagogiques sur les déchets, sur l’énergie. Ils sont payés par la collectivité avec une association qui s’occupent de mener ce projet pédagogique avec plusieurs interventions. Nous sommes attachés au fait qu’il y ait un travail d’éducation à l’environnement. Il faut de la formation voir de sensibilisation à l’environnement. Cela nous permet de mobiliser les citoyens, cela leur donne des clefs de compréhension sur les enjeux environnementaux. Cela permet aussi de mobiliser l’initiative de la collectivité ainsi que les projets de cette collectivité, cela créé du lien social entre les familles et enfin cela sensibilise, quelques soit les âges, à tous les « écogestes » possibles.

Comment s’est déroulée la mise en place du projet ?
Nous avons lancé tout de suite le projet, puis les différents services ont travaillé sur le dispositif. C’est le service développement durable qui s’en est occupé. Il y a aussi besoin d’un peu de communication pour informer les habitants, et le projet a reçu un très bon accueil. Cette année, nous avons 60 familles sur le projet « Familles Energie positive » et 60 familles sur le projet « Familles zéro Déchet, zéro gaspillage», donc cela nous fait un total de 120 familles. Les résultats sont intéressants puisque sur les économies d’énergie, en 4 mois, nous sommes à -6% en moyenne en terme de consommation d’énergie, alors que sur les déchets nous sommes à -40%. De plus, 10 nouvelles familles se sont mis au compostage. Les familles sont impliquées, nous sentons qu’il y a des plus de parents et d’enfants qui sont réceptifs à ce genre de sujets, des entreprises qui se mobilisent, des associations qui participent, des centre sociaux, etc.

Quel bilan pouvez-vous en tirer ?
Le bilan est très positif. L’implication des citoyens est de plus en plus importante et les résultats sont très bons. Lors de la première année où nous avons mis en place le projet « Familles zéro déchet, zéro gaspillage », les familles ont baissé leurs ordures ménagères de 40%. C’est avec des petites actions au quotidien que cela peut avoir un impact très important, que ce soit en terme d’économie d’énergie, de tri des déchets ou même de mobilité.

C’est une action où l’impact est bien réel…
Oui. Lorsque nous parlons d’une baisse de 40%, c’est que tout est mesuré dans chaque famille. Nous avons fait le bilan la semaine dernière avec des tableaux très précis avec, pour chaque famille, des évolutions en terme de consommation d’énergie et de production de déchets.

Comment votre territoire peut-il tirer profit de ces conclusions ?
Sur l’aspect énergétique, c’est l’environnent et la planète qui en tirent profit pour le projet « Familles Energie positive ». La facture énergétique se fait au niveau de la planète. Pour le projet, « Familles zéro Déchet, zéro gaspillage », c’est aussi intéressant pour la collectivité, pour la planète et pour les habitants. Ils seront gagnants après 2020 lorsque la tarification incitative sera mise en place. Ils auront moins de tonnes à signaler à la collectivité, puisque les gens qui compostent sont positifs pour la collectivité.

Cela contribue à la prolongation des bonne habitudes qui ont été prises ?
Nous y croyons. Ce qui est sur, c’est qu’il faut quand même revenir régulièrement pour rappeler aux gens les principes de ces petits gestes du quotidien. Il y a des choses qui restent, d’autres qui se perdent et pour lesquelles il faut revenir régulièrement. La pédagogie, la communication, il faut en faire en permanence .

Comment la commune peut-elle agir à son échelle pour diminuer les consommations d’énergie ?
Nous avons des projets très importants en terme d’énergie. Nous avons un contrat de performance énergétique qui est lancé pour faire de grands plans d’investissements de rénovation sur les bâtiments, nous avons aussi un réseau de chaleur urbain, qui démarre l’année prochaine, dans le but de chauffer 7000 logements. Nous avons également un bus à haut niveau de service dont les travaux se terminent l’année prochaine (septembre 2019). Nous agissons sur la mobilité, la rénovation des bâtiments de la collectivité qui sont en mauvaise état et un réseau de chaleur urbaine, à partir d’un incinérateur, qui chauffera des logements. À côté de cela, il faut pouvoir toucher les parents et les enfants sur toutes ces questions.

Est-ce le rôle de la commune ?
Ce n’est pas une obligation pour la commune mais nous estimons qu’il est de la responsabilité de la commune de lancer ce type d’actions.

Faut-il de la sensibilisation ou aller plus loin ?
La première chose, c’est l’information. Puis vient la sensibilisation, qui abouti à l’éducation à l’environnement. Cela marche très bien avec les enfants et de mieux en mieux avec les parents. Ce qui important pour toucher les parents. Il y a aussi l’aspect financier, d’où la mise en place de la tarification incitative qui pourra permettre aux gens de payer en fonction de ce qu’ils produisent en terme de déchets.

Est-ce un domaine où les élus doivent s’engager ?
Oui. Tous les élus sont loin d’être convaincus. C’est un investissement que nous faisons en faisant ce pari. Nous investissons auprès des parents et auprès des enfants sur ce sujets de l’eau, de l’énergie, des transports… C’est un investissement pour l’avenir. Il faut que les élus aient la bonne vision, la bonne compréhension, pour comprendre que l’argent investi est un vrai bon retour sur investissement. C’est un retour sur investissement pour leur territoire, pour la planète et pour la collectivité. Cela à tendance à évoluer, mais cela reste compliqué.
Propos recueillis par Emma Hervé