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Pau Béarn Pyrénées (64) : les habitants invités à témoigner du confinement auprès des archives communautaires

Territoires Audacieux se mobilise, notamment en s’associant à l’AdCF, pour vous permettre de bénéficier de retours d’expérience réussies pendant la crise sanitaire. Notre objectif ? Vous proposer des témoignages de terrain afin de faire remonter les bonnes pratiques du territoire face au défi du confinement et de ses conséquences.

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Quatorzième témoignage de cette série, celui de Vanina Joveneau, cheffe du service communautaire d’Archives à Communauté d’agglomération Pau Béarn Pyrénées. La collectivité vient de lancer une initiative baptisée Mémoire(s) de confinement afin de recueillir des témoignages des habitants sur cette période. Objectif : offrir à tout le monde la possibilité d’exprimer ses émotions et sentiments et les conserver.

Comment avez-vous eu l’idée de cette initiative ?

Au début, c’est une initiative que nous avons vu fleurir dans certains services d’archives au niveau national. Ça apparait dans les départements bretons, lors des événements de Charlie Hebdo. L’archiviste passe à côté de sa mairie où il y avait tout un tas de témoignages des citoyens et il se dit que ce serait dommage de ne pas les collecter, ce serait une perte inestimable pour l’histoire. Il a donc engagé une grande collecte de ces témoignages. Pour les événements du coronavirus cela paraissait donc évident de faire de même. D’où cette idée de collecter chez les habitants leur mémoire en leur permettant de s’exprimer librement.

Pourquoi vouloir recueillir ces témoignages ?

Nous sommes actuellement en train de préparer la collecte administrative afin de pouvoir recueillir tous les témoignages des administrations. Mais que fait-on de la population ? Nous risquons de perdre la parole des particuliers. Ce n’est pas tous les jours que l’on met en place un confinement, ça aurait été aberrant de ne pas sauver la mémoire des citoyens. Nous sommes en effet là pour sauver la mémoire de l’administration mais aussi pour sauver celle des particuliers. Nous devons offrir à tout le monde la possibilité d’exprimer ses émotions et sentiments. Nous ne sommes pas un service facilement accessible. Les habitants ne pensent donc pas forcément à venir chez nous, c’était donc l’occasion d’offrir ce service à tout le monde.

Qui peut participer à cette initiative et comment ?

Cette collecte s’adresse majoritairement à l’agglomération mais tout le monde peut y participer (enfants, adultes, malades, ceux qui travaillent ou pas…). Ils ont le droit de dire ce qu’ils veulent. Les témoignages peuvent d’ailleurs rester anonymes. Nous sommes justement là pour conserver tout type de témoignage. Il est possible de partager son témoignage sous n’importe quel support. À travers des textes numériques, photos, dessins, sons (comme en enregistrant vos enfants dans le jardin). Puis, nous demandons de remplir un formulaire afin de contextualiser le témoignage. Et vous pourrez nous préciser vos souhaits : anonymat, délai de communication, pas de diffusion sur internet…

Comment s’organise le stockage et la distribution de ces témoignages ?

Tous les témoignages seront conservés dans les archives, sans exception. Selon leur support, ils seront soit sur un serveur (pour les formats numériques) soit conditionné et mis dans nos magasins de conservation (pour les formats papiers). Pour leur communication, nous allons les classer et les rendre disponibles au fur à mesure en salle de lecture. La première partie de ces témoignages sera d’ailleurs disponible sur Pau.fr la semaine prochaine !

Comment faut-il faire pour témoigner et pouvez-vous estimer le nombre de témoignages que vous allez recevoir ?

Il suffit d’aller sur pau.fr. Selon le format et le volume du témoignage plusieurs choix seront possibles. Par mail à destination de mon adresse (V.joveneau@agglo-pau.fr), sur une plateforme de transfert tel que Wetransfert ou bien physiquement en venant chez nous dès la réouverture des archives pour nous donner votre témoignage. Nous ferons alors signer une lettre de don. Concernant le nombre de témoignages, pour être honnête, je n’en sais rien. En effet, nous les collectons mais nous ne pouvons pas présumer la quantité et les sujets qui vont arriver chez nous.

Est-ce que ces témoignages seront importants pour les historiens ?

Des fois les historiens s’intéressent à des choses très précises. Par exemple, la liste des meubles du XVIIIe, l’histoire de la colombophilie pendant la guerre de 14-18 sont maintenant très étudiés alors qu’à l’époque, personne ne se serait douté que l’on allait s’intéresser à ça. De ce fait nous ne pouvons pas savoir si ces témoignages vont dans l’avenir les intéresser. Cependant, notre démarche s’adresse aussi aux particuliers dans toutes les phases de la collecte. Par exemple, un petit-fils pourra aller consulter les témoignages de sa grand-mère. Un peu comme ceux des poilus lors de la guerre, qui sont maintenant extrêmement émouvants.

Depuis quand l’opération est mise en place ? Jusqu’à quand les témoignages seront collectés ?

L’opération de collecte a été officiellement lancée lundi. Il n’y a pas de date butoir pour les témoignages car nous pensons qu’il y en aura aussi pour le déconfinement. D’ailleurs, je trouve que ce serait intéressant de pouvoir pérenniser ce type d’opération car nous avons tous quelque chose à raconter sur notre quartier, sur notre vie… Par exemple, moi, actuellement, j’adorerai savoir comment les personnes âgées dans les Ehpad font le parallèle avec la guerre, et les queues dans les supermarchés.

Propos recueilli par Léa Tramontin