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Erdre & Gesvres (44) : Du soutien pour son secteur culturel et associatif durant la crise

Territoires Audacieux se mobilise, notamment en s’associant à l’AdCF, pour vous permettre de bénéficier de retours d’expérience réussies pendant la crise sanitaire. Notre objectif ? Vous proposer des témoignages de terrain afin de faire remonter les bonnes pratiques du territoire face au défi du confinement et de ses conséquences.

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Treizième témoignage de cette série, celui de Dominique Garnier, directeur général des services de la Communauté de Communes d’Erdre & Gesvres. La collectivité a décidé, parmi ses mesures liées au covid19 d’apporter un soutien important au secteur culturel et associatif de son territoire. Il revient également sur la production locale de masques sur le territoire pour en garantir 60 000 aux habitants.

Globalement, comment avez-vous réagit à la crise du Covid-19 ? Avez-vous suivi des directives ou avez-vous élaboré une stratégie ?

Au début, nous avons beaucoup subi, comme tout le monde. Mais nous avions quand même anticipé certaines choses. Nous avons récupéré le Plan de continuité d’activité (PCA) élaboré au moment de la grippe H1N1, qui nous a permis de préparer la continuité de nos services. Cela nous a permis d’être prêts le 17 mars. Le travail réalisé par le Ministère de la santé à l’époque nous a été très utile. Comme tout le monde, nous avons été dans l’attente des consignes. Nous avons beaucoup fonctionné en réseau, notamment avec l’Association des Directeurs Généraux des Communautés de France (ADGCF) et l’Assemblée des Communautés de France (AdCF). On a ainsi pu s’informer et travailler sur le soutien aux acteurs économiques, à la question des déchetteries, …

Pourquoi avoir décidé de particulièrement soutenir le milieu associatif et culturel ?

Nous nous sommes tout de suite saisi de cette question très importante pour le territoire. Notre communauté porte depuis plusieurs années un salon du livre jeunesse. Cet événement annuel est un travail de longue haleine. Il permet des échanges avec des artistes, des écoles et des associations. Il était prévu le 28 mars et a donc dû être annulé. Nous avions également mis en place une saison culturelle enfance-jeunesse, qui propose des événements et des spectacles pour ce public. Ensuite, nous soutenons également un certain nombre d’associations culturelles au jour le jour. Et enfin, nous sommes également engagés dans l’éducation artistique et musicale des enfants à l’école. On s’est donc dit « si on ne soutient pas le milieu culturel aujourd’hui, comment fera-t-on des événements demain s’il n’y a plus d’artistes ? » Il fallait réagir car ces événements culturels sont essentiels pour la vie sociale du territoire.

Quelles mesures avez-vous prises ?

Nous avons rapidement dressé un bilan des conséquences que pourraient avoir cette crise pour la communauté et pour les artistes. Nous avons donc établi une position de principe. On paiera les contrats pour les événements. Nous examinons chaque association au cas par cas pour pouvoir les soutenir. Certaines prestations seront payées à 100%. D’autres un peu moins. Nous réfléchissons également à des solutions pour maintenir l’éducation artistique à distance. Notamment au travers d’activités en ligne. On essaie de faire en sorte que le milieu associatif et culturel puisse supporter cette année difficile. C’est d’autant plus nécessaire que le chômage partiel ne protège pas le statut d’intermittent. On ne peut pas tout attendre de l’État. En tant que collectivité, nous avons aussi notre part à prendre.

Êtes-vous en capacité financière de porter ces mesures ?

Nous avons pris un parti : si on soutient l’économie, on soutient toute l’économie. C’est une décision politique qui a été prise sans grande difficulté car le soutien de la culture fait partie de notre ADN. Nous l’avons fait car nous avons la capacité de le faire. Pour le salon du livre, ce soutien représente environ 20 000 € par exemple. C’est finalement peu, par rapport à ce que cela apporte au territoire en terme de vie sociale et d’enrichissement culturel et éducatif. Nous avons modifié nos priorités budgétaires. À crise exceptionnelle, financement exceptionnel. S’il y a des efforts à faire ailleurs, on les fera. Mais pour l’instant, nous n’en sommes pas là.

Vous prévoyez de distribuer 60 000 masques à la population. Comment avez-vous pris cette décision ?

Nous avons anticipé car on se doutait bien que la question allait se poser au moment du déconfinement. L’objectif là encore était de prendre notre part en tant que collectivité. Cette volonté politique s’est croisée avec la proposition de Finway, une entreprise locale de textile basée à Héric. Cette entreprise a décidé de produire des masques en tissu aux normes pour le grand public. On a donc proposé aux élus de faire leur part dans la protection de la population en finançant la production et la distribution de ces masques. L’entreprise a donc investi et s’est reconvertie en l’espace de quelques semaines. Une commune a mis des locaux à disposition. Et notre maison de l’emploi a facilité le recrutement de près de 70 personnes. On voit qu’en très peu de temps, on arrive à s’adapter et à trouver des solutions. À raison de 4€ par masque, l’investissement total s’élève à environ 300 000 €. Le département de Loire Atlantique s’est manifesté récemment pour apporter son soutien à la production de masques pour le territoire. Il va nous aider dans le financement.

Comment organisez-vous cette distribution ?

La distribution des masques se fait chez l’habitant. Notre service aux personnes âgées a attiré l’attention sur le fait que cette distribution est également l’occasion d’avoir un contact avec la population et de pouvoir repérer des situations compliquées et des personnes en difficulté. C’est pourquoi nous avons fais appel aux élus locaux pour cette distribution. Les masques seront livrés avec une notice, pour le déconfinement.

Vous avez également mis en place une carte collaborative ?

Tout à fait. Nous avons beaucoup travaillé en amont de la crise avec notre conseil de développement. Nous avons mis en place une carte collaborative en ligne en partenariat avec eux. Cette carte interactive permet à n’importe quel citoyen de promouvoir son initiative, d’en rechercher. Les particuliers produisent également de l’action publique et c’est à nous de la mettre en avant. Cela va des cours de soutien scolaire donnés par des étudiants, à des services de courses, en passant par des circuits de consommation locale. On a ainsi pu recenser une centaine d’initiatives sur le territoire.

Propos recueilli par Théo Debavelaere