
À Lyon (69), la ville a mis en place un dispositif de cartographie interactive pour cibler les problématiques du territoire. Il contient toutes les données disponibles et permet aux différents acteurs de bénéficier d’un outil le plus objectif possible afin de prendre des décisions. Chacun peut y avoir accès et créer son scénario. Objectif ? Permettre à différentes catégories de professionnels de travailler ensemble.
Pour en savoir plus, nous avons interviewé Laurence Langer, responsable Mission Observation de la ville de Lyon.

Cette initiative a été repérée lors du « Prix TERRITORIA » organisé par L’Observatoire TERRITORIA et dont Territoires-Audacieux.fr est partenaire.
Qu’est-ce que le « VLKO » ?

Créée en 2009, notre plate-forme ressource VLKO (Ville de Lyon Carto), permet de rassembler toutes les productions (recherches, données chiffrées…) de la ville de Lyon, en une cartographie interactive. Ce dispositif, a pour objet de cibler les problématiques de la ville et d’être un outil intéressant et objectif lorsque différentes catégories de personnes se retrouvent autour d’un projet pour le territoire. De l’habitant à l’élu, des professionnels de la ville de Lyon aux acteurs associatifs et partenaires publics.
Quelles données peut-on trouver sur la plate-forme ?
La plate-forme est en accès libre et comporte plus de 3 000 données « publiques » et « libérées ». D’un côté, les données « publiques » correspondent à toutes celles issues de l’Insee comme celles sur la population selon le sexe, l’âge et la CSP. De l’autre côté, les données « libérées » correspondent à celles en Open Data via la ville de Lyon. C’est-à-dire des données auxquelles l’accès est totalement public et libre de droit. Il y a par exemple des données sur la santé sur notre territoire (CPAM, hôpitaux psychiatriques, HCL).
Quelle est l’histoire de ce projet ?
En 2008-2009, la géographie prioritaire de la Politique de la Ville de Lyon devait être révisée. Au premier abord, lorsque l’on analyse la ville de Lyon, c’est une ville qui se porte bien, avec un beau dynamisme. Cependant, au niveau des IRIS (découpage de l’Insee qui respecte des coupures entre les quartiers de deux à trois mille habitants) il y avait des inégalités territoriales au sein de la ville. En effet, depuis 1995, rien n’avait changé. L’élu de la politique de la ville, a souhaité que ce travail soit fait en concertation avec les habitants. Afin de pouvoir mener les décisions au sein de chaque arrondissement de la ville de Lyon, l’élu avait besoin de s’appuyer sur une objectivation chiffrée. De ce fait, nous avons mobilisé un outil, qui s’appelle La suite Cairo (auparavant Gaïa Mundi). Ce dispositif permettait de nous donner une vision d’ensemble de Lyon à l’échelle IRIS, il y a environ 185 IRIS dans Lyon. Le VLKO nous a permis d’échanger avec les habitants sur les critères à retenir pour faciliter le niveau d’éligibilité adapté. Suite à cette expérience avec les habitants qui avait pour objet de réduire les inégalités dans les IRIS nous nous sommes rendus compte que nous étions avec un outil adapté pour des besoins qui n’étaient pas que ponctuels, mais permanent. Il nous a donc semblé intéressant de prolonger l’usage du VLKO sur d’autres politiques publiques.

Qu’est-ce qu’altercarto ?
Altercarto est une association qui plaide pour un accès libre et gratuit aux données publiques. Notre adhésion à cette dernière, nous a permis d’être accompagnés durant la mise en place du VLKO. La mutualisation de leurs ressources (cartes, données, usages) ainsi que leurs ateliers et formations ont été d’une aide précieuse.
Quel est l’objectif du VLKO ?
Son objectif est d’obtenir une vision partagée de la ville afin d’identifier ses problématiques actuelles et émergentes. Pour cela, la carte permet de naviguer parmi une multitude d’indicateurs préparés au préalable. En effet, nous pouvons y découvrir des données chiffrées et graphiques pour chaque quartier de Lyon, en insérant les critères souhaités. Nous pouvons donc rentrer dans quelque chose de très fin en fonction de la demande. Par exemple, en réunion, si une question porte sur le vieillissement de la population lyonnaise, nous pouvons savoir, grâce à ce dispositif, la localisation des plus de 65 ans qui vivent seuls et réfléchir à leurs besoins dans 10 ans. À contrario, il est possible de voir les territoires où la dynamique démographique est importante. Nous pouvons donc nous adapter aux futurs besoins en terme d’équipement comme des écoles.
Lors des réunions, quels acteurs du territoire sont présents ?
Tout dépend des actions qui sont en cours. Par exemple, en ce moment nous avons un renouvellement des conventions des associations de l’éducation populaire. Ces associations sont donc présentes lors des réunions qui sont accompagnées avec des modules cartographiques du VLKO dédié. Pour l’instant, les élus ne sont pas présent lors de ces réunions. Cependant le VLKO peut être utilisé lors de réunions publiques où les élus sont présents.

Quels conseils donneriez-vous à un élu souhaitant se lancer dans la même initiative ?
Tout d’abord, je lui conseillerais de bien connaître les besoins infra-territoriaux de son territoire et prioriser les actions en fonction. De plus, objectiver et disposer d’arguments solides pour les décisions et négociations politiques, est nécessaire. Par exemple en complétant le dispositif avec un travail de prospection. Enfin, il est important d’anticiper sur les besoins émergents afin d’éviter de futures problématiques.
Propos recueillis par Maëlle Alibert