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Nous avons également souhaité mettre en avant les initiatives de nos abonnés. Deuxième exemple avec Christophe Marion, futur maire de Saint Ouen (41). Sa liste a été élue dès le premier tour des élections municipales le 15 mars dernier. Dans les communes comme la sienne, où le premier tour a pu permettre d’élire une nouvelle équipe, les vainqueurs n’ont toujours pas pris leur fonction. Ancien membre de l’équipe municipale en place, il nous raconte comment un trio maire sortant, directrice générale des services et futur maire s’est mis en place pour piloter au mieux la collectivité pendant la crise.

Le report du conseil municipal d’installation crée une situation particulière sur votre territoire pour gérer la crise…
Sur cette question de la prise de fonction, il est vrai que ce n’est pas forcément très simple. Nous avons de la chance car, sur notre territoire, le maire ne se représentait pas. J’étais dans son équipe lors du précédent mandat et j’ai été élu dès le premier tour. Cela permet d’apporter de la sérénité dans cette période. Aujourd’hui, ce qui est compliqué, c’est que pour les gens, vous êtes le nouveau maire. Ils ont voté le 15 mars et c’est spontanément à vous qu’ils s’adressent. Ils ont du mal à comprendre les raisons. La notion de conseil municipal d’installation n’est pas facile à comprendre. Pour beaucoup de personnes, le vote concerne le maire et pas un liste pour le conseil municipal. Ce qui fait que je suis très sollicité. La situation est renforcée par le fait que je suis très présent sur les réseaux sociaux. C’est plus fluide pour ceux qui souhaitent poser des questions. Mais en même temps, la situation est paradoxale car je ne suis pas aux manettes.
Comment gérez-vous cela avec le maire sortant ?
Nous avons donc mis en place un système assez simple. Nous échangeons ou nous voyons quasi-quotidiennement. Nous prenons les décisions ensemble et généralement nous sommes d’accord. De toutes façons, ce n’est pas le moment d’innover ou d’inventer des choses. Nous sommes dans une forme de continuité. Les projets que nous envisageons de mettre en place durant la mandature sont mis en stand-by. C’est évident. En cas de désaccord, c’est le maire sortant qui décide. C’est lui qui a la responsabilité. Il n’y a, dans tous les cas qu’une voix. C’est lui le patron et je le respecte.

Au quotidien, quelle est l’organisation ?
Nous fonctionnons beaucoup par mail. Notre directrice générale des services, Christine Hans, est comme une chef d’orchestre. Elle est la tour de contrôle de tous les sujets. Elle nous interroge sur des sujets et des décisions à prendre. Nous nous appelons avec le maire quand cela nous paraît nécessiter un échange entre nous deux. Nous nous voyons également en mairie deux ou trois fois par semaine. Nous nous retrouvons à trois avec la DGS. À partir de la semaine prochaine, nous rétablissons les réunions de municipalité. C’est-à-dire, la DGS, le maire et les adjoints de l’équipe sortante. Nous nous retrouverons en mairie avec des distances de sécurité ou en conférence téléphonique.
Durant cette crise, le rôle du DGS est véritablement mis en avant…
Pour moi, cette complémentarité entre élus et DGS est fondamentale. Aujourd’hui, je pense que, la DGS est, encore plus que l’élu, la tour de contrôle. Elle a une vision 360 et gère de nombreux dossiers. Tout ne mérite pas de remonter aux élus. Nous devons être informés mais certaines décisions doivent pouvoir être prises au niveau de l’administration. La DGS et l’équipe administrative sont des composantes fondamentales au bon fonctionnement de la municipalité. Dans cette crise, nous avons mis des mesures en place qui nous ont été proposées par la directrice générale des services. Nous avons la chance d’avoir une personne à ce poste qui a véritable vision politique. Elle porte nos actions et elle est moteur. Elle joue également un rôle important dans la transition entre les deux équipes.
La nouvelle équipe municipale est également investie ?
Je pense que c’est également une difficulté. Comment ne pas mettre de côté les nouveaux élus ? Ils ne sont pas en fonction. Pourtant ils veulent aider. Être présents pour le territoire. C’est compliqué avec cette situation. C’est un début de mandat mais il faut réussir à faire en sorte qu’ils restent mobilisés pour partir sur de bonnes bases pour les six ans qui viennent. Nous avons essayé de mettre en place des choses. Par exemple, certains gèrent des courses pour les personnes âgées du territoire qui en ont besoin. Nous avons également des élus qui appellent régulièrement certaines personnes isolées pour prendre des nouvelles et discuter. Quand j’ai un doute sur une décision à prendre, je consulte l’équipe. Cela a été le cas ces dernières semaines sur le maintien de l’éclairage public. Nous avons pris une décision collégiale.
Comment se sont passées les dernières semaines sur votre territoire ?
Très bien. Nous avons mis en place rapidement le plan de continuité de l’activité. Les agents ont joué le jeu. Par exemple, ceux de la cantine scolaire ont accepté d’aller travailler au service de la résidence autonomie. Cela peut paraître évident mais c’est un changement d’affectation. Nous avons pu voir que chacun était prêt à s’investir. C’est la même chose pour les agents d’entretien. L’espace public doit continuer à être géré. Il y a une quotidien à maintenir. Nous avons invité les riverains, quand ils le pouvaient, à donner un coup de tondeuse. Cela a très marché car les habitants ont compris que l’on ne pouvait pas rendre un même service public qu’habituellement. Maintenant, il faut aussi que l’on remette en route la machine progressivement. Les agents sont plutôt moteurs. Nous avons pu sentir qu’en cas de coup dur, ils étaient là. Nous leur avons donc envoyé un courrier signé par le maire, la DGS et moi même en leur disant qu’on était fier de la mobilisation.
Propos recueilli par Baptiste Gapenne