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Terres de Montaigu (85) : La Communauté de communes ajuste sa gouvernance pour trouver des solutions quand les communes n’en ont pas

Territoires Audacieux se mobilise, notamment en s’associant à l’AdCF, pour vous permettre de bénéficier de retours d’expérience réussies pendant la crise sanitaire. Notre objectif ? Vous proposer des témoignages de terrain afin de faire remonter les bonnes pratiques du territoire face au défi du confinement et de ses conséquences.

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Deuxième témoignage de cette série, celui de Antoine Chéreau, président de la Communauté de communes Terres de Montaigu. Il explique la gouvernance exceptionnelle mise en place en cette période de crise. L’échelle de la Communauté est la bonne selon lui, pour trouver et mettre en place des solutions quand il n’y en a pas dans les communes. En témoigne les initiatives prises pour assurer la continuité alimentaire des personnes les plus fragiles.

Comment avez-vous mis en place la gouvernance en cette période de crise ? 

Cela n’a pas été très long à mettre en œuvre. Dès le lendemain du premier tour des élections municipales nous commencions les réunions quotidiennes. La communauté était organisée depuis longtemps en diagnostic des besoins et en fiche actions. C’est une aide précieuse car nous sommes légitimes auprès des différents acteurs pour articuler les interventions. Je pense que si nous n’avions pas l’habitude de travailler avec nos médecins sur la question de la pénurie de médecins libéraux, nous aurions eu beaucoup de mal à les mettre autour de la table.

Comment vous organisez-vous ? Quelles sont les nouveautés ? 

Nous avons construit une cellule de crise. Elle se réuni tous les matins, même le week-end, à 10h, en mixte présentiel et vidéo. Elle comprend trois élus permanents : moi-même, président de la Communauté de communes, le 1er adjoint de la ville centre, qui prend en charge les opérations de gestion des services de centralité et le Vice-Président santé et cohésion sociale qui pilote toutes les questions autour de la santé. Il y a aussi nos cadres : le DGS de la Communauté de communes, son DGA qui s’occupe de la cohésion sociale et pilote, entre autres, les gardes d’enfants, le DGA économie qui fait le lien avec les entreprises et le DGS de la commune centre, qui s’occupe des questions de continuité du service public. Mais en cette période, les questions de compétences et de périmètre sont assez élargies, il peut donc s’occuper d’actions en dehors de sa commune. Par exemple, nous avons eu une chute complète des retraités bénévoles des banques alimentaires. Ce sont donc des agents de la ville centre qui font ce travail dans plusieurs communes.

Lors de cette réunion, mon directeur de cabinet et la directrice de la communication sont également présents. Ils se chargent de mettre en forme les décisions prises chaque jour, et de les envoyer aux différents publics : les médecins, les parents, l’action sociale, etc. Mais aussi tous les maires sortants et les futurs maires. Ils sont informés dans les 2h qui suivent la réunion, des décisions et des orientations. Pour eux, nous complétons avec une réunion une fois par semaine en visioconférence, les lundis. Cela permet aussi de lutter contre la solitude que certains peuvent ressentir. 

Quels sont les sujets à traiter en priorité ? 

Il y a quatre volets importants : un sanitaire, un sur les effets sociaux du confinement, un économique et un dernier lié au fait qu’on soit employeur (gestion du télétravail, etc). Les directives nationales ont été trop simplistes. Ils ont dit que c’était à l’éducation nationale de s’occuper des enfants des soignants, mais ils n’ont pas dit ce qu’on faisait des enfants de ceux qui sont indispensables à la continuité, comme les enfants des personnes qui garde les enfants de soignants, ceux des gendarmes ou du seul boulanger d’une commune. Donc l’échelle communale est la bonne échelle. Dès qu’une réponse pratique de bon sens peut se faire nous l’encourageons, notamment à propos des deux sujets principaux que sont le soutien aux soignants, notamment sur la garde d’enfant, et l’accompagnement social du confinement. 

Comment avez-vous réagi sur ce domaine ?

La communauté fait le lien avec tous les acteurs extérieurs pour organiser des actions structurelles : les sorties d’hôpital, le lien avec l’éducation nationale, les préfets, la collecte des masques. Elle est aussi présente pour trouver des solutions quand il n’y en a pas dans la commune. Par exemple, si un soignant qui habite dans une petite commune du département d’à côté et n’a pas de solution de garde pour ses enfants, évidemment nous allons trouver des solutions, même s’il n’habite pas la commune. Nous réglons beaucoup de questions très pratiques. Nous avons une commission santé composée des représentants de l’hôpital, des directeurs d’Ehpad, des services de soins à domicile, de la psychiatrie, des médecins généralistes de la communauté de territoire de santé, etc. Nous traitons toutes les questions que sont la gestion de l’aval de l’hôpital, le confinement en maison de retraite, ou encore l’approvisionnement de masque. 

Comment s’organise la coordination ?

Pour compléter la bonne gestion du territoire, nous avons ajouté des comités locaux Covid. Ils organisent le lien avec l’extérieur sur plusieurs sujets. Ils sont là pour coordonner les acteurs qui ne sont pas de la Communauté de communes. Nous les avons réunis une fois pour que tout le monde se reconnaisse dans un objectif commun, et après les échanges se font en fonction des besoins. Nous en avons un sur un volet plutôt social avec la PMI, l’aide sociale à l’enfance, la CAF, etc. Ici, on se préoccupe des enfants en danger à cause du confinement ou de la question des femmes battues. Sur un autre comité, se pose la question du maintien alimentaire où sont réuni des associations de maintien à domicile, ceux qui faisaient le portage de repas et les organisateurs de transports solidaires. 

Comment se déroule le portage des repas aujourd’hui alors que les retraités bénévoles se font rares ? 

Quand il y a une solution locale, comme une supérette qui s’en occupe, le commerçant lui-même ou des privés qui ont trouvé ce système pour compenser les baisses de CA dans leur magasin, nous laissons faire. Mais quand il n’y a rien, nous intervenons. Nous avons passé des contrats avec des entreprises dont les chauffeurs sont disponibles en fonction des besoins. Le CIAS paie le trajet en voiture pour apporter les courses aux personnes qui ne peuvent pas les faire seules. L’outil est fonctionnel et monte en puissance tout doucement. 

Vous avez également réquisitionné des cuisines, comment ça se passe ? 

Nous avons beaucoup augmenté le nombre de portage de repas à domicile. Nous avions des dispositifs essentiellement publics, souvent à partir des maisons de retraites, donc pas loin de la saturation. Comme beaucoup de cantines collectives ont arrêtée, nous avons pu retrouver des capacités de production de repas. Pour le moment nous avons les cuisines d’un ESAT (établissement pour jeunes handicapés) car les jeunes sont retournés dans leur famille. Nous savons aussi qu’en cas de besoin nous pourrons aller en chercher d’autres dans des collèges, lycées, etc. 

À qui sont livrés ces repas ? 

Aux personnes âgées ou fragiles. Je n’ai pas le chiffre du nombre de repas livré mais sans se tromper on peut dire que ça a doublé, pour l’instant en tout cas. En ce moment, le chiffre du matin n’est pas celui du lendemain, d’où l’intérêt de nos réunions quotidiennes. On ajuste. On essaie d’être réactifs pour répondre aux besoins. 

Comment repérez-vous les personnes âgées et fragiles qui auraient besoin d’aide ? 

Nous avons des listes issues des plans communaux de sauvegarde, initialement prévues pour gérer les situations de canicules ou d’inondations. Les personnes qui peuvent être en difficultés lors de ces événements y sont répertoriées, donc nous les appelons pour vérifier que tout va bien. Pour le moment nous constatons que ça va plutôt très bien, donc on fait surtout du lien social. Après la question c’est la situation des personnes fragiles que nous n’aurions pas repérées. On tâtonne un peu sur la méthode car par principe, ils ne sont pas repérés. Pour les femmes battues, c’est la police-justice qui s’en occupe, et pour les enfants c’est le département. Nous sommes en échange avec eux s’il faut trouver des solutions de logement ou autre. S’il n’y a pas de solutions dans les communes, nous intervenons en deuxième poste pour les trouver. 

Propos recueillis par Lea Tramontin.