En collaborant avec le palace Georges V de Versailles, le département des Yvelines a créé un potager (situé dans le parc du Domaine de Madame Elisabeth) qui s’est rapidement imposé comme un exemple remarquable d’économie circulaire en alliant lien social, développement économique et pratiques environnementales. Pour comprendre le projet, Nicolas Prudhomme nous a répondu à nos questions.
Parlez-nous de votre potager du parc du Domaine de Madame Elisabeth à Versailles, comment allie-t-il lien social, développement économique et pratiques environnementales ?
Le potager d’une superficie de 3000m² est situé en plein cœur du Domaine de Madame Elisabeth. Il a été construit autour des 3 piliers du développement durable.
Le pilier Social est assuré par un dispositif créé par le Département des Yvelines, appelé « Les Brigades vertes ». Chaque année, 60 bénéficiaires du RSA ressortent formés et opérationnels sur le monde du travail. Ils bénéficient d’une formation de 23 jours au sein du Département et sont embauchés pendant 12 mois pour les requalifier. À l’issu de leur contrat, nous proposons des job dating pour les réinsuffler dans le milieu professionnel. Grâce à ce dispositif, nous employons trois personnes à temps complet sur le Potager du George V.
Le pilier Economique est basé sur le gagnant-gagnant. Le George V verse une contribution financière qui permet d’employer les personnes en réinsertion et de couvrir les besoins matériels et logistique de la parcelle. Les quelques variations financières sont très largement compensées par la très grande communication mise en œuvre par le Four Seasons, que le Département ne pourrait pas atteindre (Paris-Match, Vogue International, Figaro Magazine…).
Le pilier Environnemental provient des circuits courts (le George V est à 20km de Versailles), et du respect de la terre et des semences (aucun intrant chimique, semence d’agriculture biologique la 1er année, et cueillette sur site pour garder le patrimoine génétique). Nous avons développé une méthode innovante pour renforcer la plante et lutter contre les maladies (musicothérapie). Nous Utilisons du compost lié à la valorisation des déchets de cuisine du George V. Enfin, nous misons sur une utilisation raisonnée des ressources (récupération de l’eau, pas d’électricité) et Culture maitrisée (du semis à la récolte). Enfin nous réalisons les déplacements via un véhicule hybride qui transporte les légumes.
Comment vous est venue cette idée ?
Tout est venu d’une rencontre entre deux personnes passionnées du monde végétal et de la cuisine. Un pari fou entre « deux grands enfants » qui voulaient démontrer que l’on peut réaliser des projets innovants dans les collectivités et dans des grands palaces. Ils voulaient faire bouger les idées et les concepts, sans dépenser des énormes sommes d’argent. C’est un pari réussi ! Le potager (Domaine Elisabeth) est en plein essor et le palace parisien jouit d’une notoriété autour de son axe environnemental/sociétal. Nous construisons la suite, pour que le projet devienne un référentiel pour d’autres porteurs de projets.
Comment s’est crée votre partenariat avec le restaurant George V ? En quoi est-il intéressant ?
Cela a été un long parcours du combattant pour qu’une collectivité puisse conventionner avec un partenaire privé de cet envergure. Il fallait notamment trouver le bon outil juridique. Cela a été un parcours de 12 mois environ. Il est intéressant car il couvre la majeure partie des frais engagés sur le Potager et permet au Département de rayonner à travers de nombreuses parutions de communication. Aujourd’hui, près de 40 articles circulent sur le net et sur la presse écrite, sans compter les émissions de télévision et de radio (Canal +, France 5, Europe 1…) Nous construisons un livre d’or pour compiler toutes les retombées.
Pouvez-vous nous parler du cycle des déchets que vous avez mis en place avec le restaurant George V ?
Ce sont ces projets annexes qui font que le projet devient intéressant, porteur et ambitieux. Une prise de conscience du gaspillage alimentaire et du parcours du déchet. Nous nous sommes donnés comme pari de transformer les déchets de cuisine du restaurant pour les réintégrer dans le potager. Avec le concours des Alchimistes (association Parisienne), le restaurant procède à la transformation des déchets en compost qui permet d’amender nos cultures. C’est un cercle vertueux… De la fourche à la fourchette et du déchets aux légumes ! Nous sommes en période de test, et avons déjà récupéré plusieurs kilos de compost pour réaliser nos essais.
Avez-vous eu des retours positifs depuis la mise en place de ce projet ?
Les retours sont nombreux et très encourageants. Comme énoncé ci-dessous, les retours « presse » mettent en avant ce partenariat et ce modèle vertueux. Les émissions se sont enchainé pour présenter le projet et démontrer que ce potager produit et donne des résultats. Notre souhait est de multiplier ce concept pour d’autres partenaires. Pour ne pas que le projet ne s’essouffle, nous devons proposer de nouvelles idées et être toujours à la pointe sur nos techniques culturales. La qualité gustative prime sur la quantité… Dernièrement nous avons été récompensés par deux prix (Concours Fimbacte, Trophées de l’innovation/sociale et solidaire du cadre de vie et le Trophée Or – action en faveur de l’environnement du Concours Territoria). Ce sont deux prix qui nous encouragent pour continuer dans cette aventure et qui valorisent toutes les équipes qui travaillent sur le projet.
Propos recueillis par Claire Plouy