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Bassin de Pompey (54) : préparer le déconfinement avec les entreprises tout en assurant la continuité alimentaire des seniors


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se mobilise, notamment en s’associant à l’AdCF, pour vous permettre de bénéficier de retours d’expérience réussies pendant la crise sanitaire. Notre objectif ? Vous proposer des témoignages de terrain afin de faire remonter les bonnes pratiques du territoire face au défi du confinement et de ses conséquences.

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Huitième témoignage de cette série, celui de Laurent Trogrlic, président de la communauté du Bassin de Pompey. Il nous raconte comment il envisage le déconfinement avec les entreprises du territoire. La question de la production de masque sera décisive pour assurer de bonnes conditions sanitaires. Laurent Trogrlic revient également sur la manière dont est préservée la continuité alimentaire des personnes âgées.

Vous réfléchissez à la sortie du confinement avec les entreprises. Comment ?  

En effet, nous réfléchissons à la sortie de crise avec des chef.fe.s d’entreprises. Il y a eu un fond régional Grand Est pour les aider en plus des dispositifs de l’État. Mais au-delà de ces réponses immédiates, comment nous pouvons les accompagner ? Un des éléments qui fait jour c’est que certains ont la capacité d’apporter une réponse diversifiée en termes de production, sur des besoins nécessaires. Nous avons aujourd’hui la problématique des masques, et d’autres enjeux vont apparaitre. Sur les masques, nous avions trouvé des solutions provisoires sur des stocks. Par exemple, nous avions des kits pour visiter la cuisine centrale (avec une charlotte, des chaussures, un masque) qu’on a distribué pour le personnel soignant et la livraison à domicile. Maintenant les stocks sont vides, donc il faut trouver d’autres solutions.

Les entreprises sont solidaires pour les trouver ? 

Oui, nous avons bénéficié de leur mobilisation. Elles nous ont fait parvenir du matériel que nous avons redistribué aux Ehpad ou à d’autres lieux qui en avaient besoin. Pour sortir du confinement, il faudra des masques pour toute la population. Nous avons déjà utilisé des ateliers de couture d’insertion pour en fabriquer, mais nous allons devoir monter en puissance. Nous mobilisons tous ceux qui pourraient, dans le cadre de leur savoir-faire et de leurs outils, accompagner cette production nécessaire. Les entreprises du territoire réorientent leur fabrication, ou la complète pour pallier à la baisse de leur chiffre d’affaires. Nous découvrons une situation inédite à laquelle nous n’étions pas forcement préparé. L’avantage des intercommunalités c’est de bien connaitre le maillage territorial et d’être en capacité d’apporter des réponses pragmatiques et locales grâce aux atouts dont nous disposons. 

Quelles sont ces entreprises ?

Par exemple, nous avons une entreprise du secteur Nancéen qui faisait des sacs poubelle recyclables en amidon de pomme de terre. Aujourd’hui, elle nous propose des sur blouses. Nous avons aussi une grosse brasserie qui a fabriqué du gel hydro alcoolique. Prochainement, une entreprise qui produit du matériel médical (fauteuils roulants, cannes) pourrait, grâce à son atelier de couture pour le cuir des fauteuils roulants, travailler à faire des masques. Nous sommes en train d’échanger sur les modalités. La question de la sortie du confinement en protégeant tout le monde avec un masque est assez récente, donc nous engageons une réflexion, nous suivons l’évolution de la situation. 

Ce sont les entreprises qui viennent à vous ou vous qui allez vers elles ? 

Dans les deux sens. Il y a des sollicitations et des initiatives personnelles. Mais dès que nous sollicitons, le retour est très rapide et positif. Une grande solidarité s’est mise en place pour gérer cette situation. Nous en sommes à quatre entreprises qui pourraient produire des masques. C’est aussi un souhait que porte le département de Meurthe-et-Moselle : s’appuyer sur les territoires pour mettre en place cette dynamique-là. 

Concernant la continuité alimentaire, comment faites-vous pour assurer celle des personnes âgées ? 

Pour répondre à la problématique de leur isolement, nous avions l’avantage d’avoir une cuisine centrale, régie par la Communauté de communes. Elle nous a permis d’augmenter la production de repas pour les personnes âgées à domicile qui n’en avaient pas forcément usage auparavant, et qui aujourd’hui en ont besoin. C’est une réponse de proximité au territoire. Aussi, les communes ont pu mettre en place l’approvisionnement des personnes âgées sur les courses essentielles. La livraison est assurée par certains commerçants, sinon ce sont les communes par leur service qui s’en chargent (élu, service technique ou CCAS).

Combien de repas sont livrés ? 

Le chiffre monte fortement en puissance. De nombreuses personnes ont vécu sur des réserves, et là, elles arrivent au bout. La livraison leur permet d’éviter les courses et d’avoir une réponse appropriée. On voit les choses apparaitre au fur et à mesure. 

Comment avez-vous identifié les personnes dans le besoin ? 

Nous nous sommes appuyés sur la liste des personnes fragiles qui existait pour les plans canicules et nous avons fait de la communication. Aussi, même si les mairies sont fermées, il y a toujours une permanence téléphonique. Nous recevons beaucoup de sollicitations de familles éloignées ou de voisins qui font part de leur inquiétude par rapport à une personne âgée. Nous sommes sur des communes de tailles intermédiaires voire petites, donc la solidarité est très présente. 

Quels sont les prochains objectifs ? 

Les choses sont amenées à évoluer, nous devons faire preuve d’imagination et trouver des solutions inédites. À l’échelle de l’intercommunalité, nous communiquons beaucoup. Comme nous l’avons déjà fait pour l’accueil des enfants des personnels soignants, si la commune est sollicitée pour un enfant, et que la commune d’à côté à plusieurs sollicitations, nous mutualisons les moyens et proposons une solution à chaque personne concernée. Pour une partie, des solutions se sont mises en place à l’échelle familiale, car un parent ne travaillait pas et pouvait garder les enfants. Mais nous arrivons au bout, et les besoins augmentent. Les solutions transitoires ne peuvent pas s’installer dans la durée. 

Propos recueillis par Lea Tramontin.