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Villages Vivants redonne de la vie aux cœurs de villes

Villages Vivants a pour objectif de redynamiser les centres-villes et villages en proposant un nouveau modèle d’immobilier commercial. Nous avons interviewé Marie Isserel, chargée de communication. Elle vient d’un univers complètement différent de l’ESS. Elle ne se retrouvait plus dans son métier, jusqu’à ce qu’elle mette ses talents au service de Villages Vivants. 
En introduction vous pouvez retrouver ce reportage vidéo réalisé par France 2 : https://www.francetvinfo.fr/replay-magazine/france-2/13h15/13h15-du-samedi-5-mai-2018_2728029.html

Qu’est-ce que Villages Vivants ?
Ce sont des gens qui ont décidé d’agir contre la désertification des villes et villages. Malheureusement aujourd’hui il y a beaucoup de villages qui sont abandonnés, notamment en terme de commerces. Nous voyons les vitrines vides se multiplier. Villages Vivants sont donc des gens qui se sont unis pour proposer des solutions à cette désertification. La solution que nous proposons et de racheter des boutiques vides, de les rénover et d’y installer des projets qui sont utiles pour le territoire. 

Quand avez-vous commencé ?
Il y a deux ans, nous avons créé une association. Ensuite, il y a eu la foncière (sous la forme d’une SCIC), qui est l’outil qui peut acheter des biens immobiliers. Avec cette forme juridique, nous existons depuis moins d’un an. Actuellement, nous avons acheté quatre boutiques : deux dans la Drôme, une en Ardèche et nous avons participé avec d’autres investisseurs à l’ouverture d’une bibliothèque collaborative dans l’Ain.

Comment faites-vous cela ?
Nous faisons appel à des investisseurs institutionnels mais également à la population avec des levées de fond. Ils participent financièrement d’une certaine manière à l’achat des boutiques. De ce fait, nous portons tous ensemble l’achat de ces commerces différents pour y installer des entrepreneurs. Cette étape peut se représenter de deux manières différentes : parfois nous commençons par identifier un bien, une boutique ou parfois cela peut être des entrepreneurs, des porteurs de projets qui viennent à nous. Ce sont des gens qui ont souvent des idées pour remettre de la vie dans leurs villages mais qui se heurtent à l’immobilier commercial, qui est inaccessible. Nous sommes là pour faire le lien entre eux. Nous les installons dans les boutiques, tout en sachant que leurs projets possèdent une valeur sociale importante. Il y a la notion de commerce mais il y a aussi la notion de l’impact social qui est forte. Ces porteurs de projets, nous les accompagnons au-delà de l’immobilier. Nous les aidons à mettre en place un projet, qui est cohérent et qui tienne la route financièrement. Le but n’est pas qu’au bout de deux ans, ils ferment la boutique. Une fois installés, ils bénéficient d’un loyer progressif, pour qu’ils aient le temps d’installer leurs activités et de gagner suffisamment d’argent. Pendant tout ce parcours, nous les accompagnons. 

Quelles sont vos stratégies pour que les projets fonctionnent ?
Villages Vivants a été créé par un constat un peu triste qui est l’abandon des villages mais aussi sur un constat positif, d’initiatives qui poussent un peu partout, et qui recréent du lien social. Nous nous en sommes inspirés. Ça peut être, par exemple, une épicerie solidaire ou collaborative. Souvent, ces commerces qui sortent de l’ordinaire ont une valeur ajoutée. C’est en remarquant que ces commerces fonctionnent et ramènent de la vie que nous nous sommes dit qu’il faut que nous facilitions ces initiatives. La raison pour laquelle nos projets fonctionnent, c’est que ce sont des choses attendues. C’est-à-dire que dans les villes et les villages, il ne reste qu’un seul commerce parfois. Les gens sont alors obligés de se déplacer plus loin pour aller acheter leurs pains. L’installation du projet répond alors à un besoin. 

Est-ce que vous rencontrez des difficultés ? 
Parfois nous sommes appelés par des villes ou des communautés de commune. La difficulté est de réussir à avoir la même vision. C’est une difficulté nécessaire pour réussir à passer un certain pallier. L’autre difficulté que nous avons est d’identifier les propriétaires. Parfois dans une rue qui est complètement déserte, il n’est pas toujours évident de trouver ceux des bâtiments vides. Surtout s’ils ne sont pas du coin par exemple. Généralement, ils ne se rendent pas compte du fait que ça peut engendrer une succession de vitrine vide. Il y a un gros travail d’éducation auprès des propriétaires à effectuer. 

Répondez-vous à des autres problématiques ? 
La problématique de la désertification des cœurs de ville en entraîne d’autre. Vous allez forcément traiter la paupérisation des centres et de la perte de lien social. Ça recouvre par exemple des thématiques comme l’isolement des personnes âgées. Nous pouvons aussi traiter des questions environnementales. S’il y a moins de commerces dans les villages et villes, l’utilisation de la voiture est beaucoup plus courante. Cela participe aussi à la piétonnisation des centre-villes, etc. Cela vient cristalliser plusieurs thématiques 

Avez-vous mesuré les impacts ?
Nous nous y attachons énormément et nous travaillons beaucoup sur ce domaine. Nous avons un groupe d’experts qui travaillent à nos côtés. Ce sont des gens qui nous financent mais ils font plus que ça. Nous travaillons à établir des indicateurs tels que le nombre d’emplois créés, le nombre de clients dans une boutique, etc. Étant donné que nous n’avons pas commencé depuis longtemps, je n’ai pas encore de résultats assez précis. Nous avons par contre des impacts sur lesquels nous n’avons pas pu poser de chiffres dessus. Nous avons noté que l’ouverture d’un commerce dans une rue permet de revaloriser une rue. Quand il ouvre, il attire un autre commerce et ainsi de suite. Sur notre projet à Boffres en Ardèche, un village de 800 habitants, quatre porteurs de projet ont repris une auberge. Dans cette auberge, ils vont créer un café-restaurant-épicerie. Ils ont organisé leur toute première réunion publique avec les habitants et le maire. Nous avons pu réaliser l’ampleur que le projet prend et l’impact que cela va avoir sur le village et sa population.

Propos recueillis par Claire Plouy.