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Des territoires s’associent pour créer du lien intergénérationnel

Sur les trente dernières années, le monde a évolué comme jamais auparavant. La révolution numérique a transformé la planète. Le décalage des générations a rarement été aussi marqué. L’heure est au vieillissement de notre population. La génération baby boom va être à la retraite, et la France se retrouve face à un défi : comment bien gérer cette période ? La réponse à cette question est simple. Nos aînés ont du talent et encore beaucoup de tâches à accomplir. Pour cela, il faut favoriser la création de liens intergénérationnel. Les différentes générations doivent davantage se rencontrer, échanger, s’aider, se soutenir… Elles ont beaucoup plus de choses à se dire que certains semblent le penser. Et au bout du compte, les bénéfices sont partagés entre tous. À l’image de cette initiative brésilienne, qui lutte contre l’isolement des seniors tout en offrant des cours de langue à des adolescents.

– Reportage –

À l’heure où l’écart entre les générations se creuse, celles-ci ont d’autant plus besoin d’échanger, de se comprendre, de se soutenir… Mais comment favoriser la création du lien intergénérationnel ? Il suffit parfois favoriser les rencontres. Au Brésil, des acteurs issus du public, du privé et du monde associatif, ont collaboré pour créer des ponts entre les maisons de retraites américaines et des jeunes Brésiliens désireux d’apprendre l’anglais.

Sous la grisaille inhabituelle de Rio de Janeiro, la façade rouge du centre d’apprentissage est encore plus visible. Les deux arbres plantés devant l’entrée ne cachent pas l’enseigne, visible au loin : « CNA, Inglès Definitivo ». Devant la baie vitrée, la file de jeunes gens grandit à chaque minute qui passe. Ils viennent apprendre l’anglais. À quelques milliers de kilomètres de là, dans des maisons de retraites américaines, des personnes âgées cherchent à qui parler. Une oreille attentive, un moment à partager, même virtuellement.

Alors, une association brésilienne a décidé de faire le lien entre les deux. En nouant des partenariats avec un réseau d’écoles de langue au brésil et des maisons de retraites américaines, elle a développé une plateforme de discussion en ligne, par webcams interposées, entre de jeunes Brésiliens désireux d’apprendre l’anglais et des personnes âgées en maison de retraite aux États-Unis. Le « Speaking Exchange Program » propose ainsi une formule qui aide des étudiants à apprendre une langue étrangère, lutte contre l’isolement des seniors, et crée du lien intergénérationnel.

Un double bénéfice

« La plupart des étudiants brésiliens n’ont pas la chance de pouvoir partir à l’étranger et d’interagir avec des personnes dont l’anglais est la langue maternelle, explique Vanessa Valença, coordinatrice pédagogique au sein de l’école de langue. Cette alternative est évidemment un moyen d’améliorer considérablement le niveau d’anglais, mais il permet également de rendre l’apprentissage plus réel, plus humain. » Loin de Rio et du Brésil, à Chicago, les résidents de la maison de retraite Windsor Park ont un large programme d’activités proposé chaque jour. Bien souvent, la salle informatique est pourtant prise d’assaut. « Les puzzle, les jeux de cartes, c’est une chose, raconte Mary, une résidente de 83 ans. Mais quand on a la possibilité de discuter avec de jeunes gens, on se bouscule devant les ordinateurs… »

Sur la plateforme créée spécifiquement pour le programme, chacun dresse son profil. Un prénom, un âge, une photo, mais surtout une brève description, des centres d’intérêt, des sujets de discussions favoris. Lorsque l’on est connecté, on peut ainsi chercher un interlocuteur selon différents critères et mots clés – ou bien choisir un profil au hasard.

Aujourd’hui, depuis le centre brésilien, Jamile appelle Mélissa. Un peu impressionnée, elle bafouille lorsque l’octogénaire américaine apparaît sur l’écran. « C’est la première fois que je parle à quelqu’un d’un autre pays », lâche-t-elle timidement. Mais rapidement, le large sourire de Mélissa la met à l’aise. Les deux femmes parlent de tout et de rien, et Mélissa donne quelques conseils de prononciations à la jeune étudiante, ou lui apprend de nouvelles expressions. Pendant plus d’une demi-heure, l’échange est nourri, et Jamile promet finalement à sa correspondante de la rappeler quelques jours plus tard.

“Un lien précieux entre deux générations. Qui plus est issues de deux cultures différentes”

Sur l’ordinateur voisin, Marcelo, lui est en grande conversation avec Henry. Une fois de plus. « On a parlé pour la première fois il y a environ six mois, et depuis on s’appelle toutes les semaines, explique-t-il. Nous discutons de nos vies, de nos familles, de notre quotidien et de nos rêves. » Mais ce n’est pas tout. Car Marcelo et Henry se sont trouvés grâce à leurs profils similaires : l’un étudiant en ingénierie mécanique, l’autre retraité de la profession. Alors, le jeune brésilien a pu découvrir tout un vocabulaire lié à son futur métier. « C’est un plus incroyable par rapport à un cours classique, souligne-t-il. Non seulement nous avons la possibilité de discuter, en direct, avec des natifs du pays dont nous apprenons la langue, mais en plus je maîtrise un vocabulaire spécifique qui me servira dans mon métier. » Sans compter les amitiés qui naissent, nourries par les échanges quotidiens. Un lien précieux entre deux générations. Qui plus est issues de deux cultures différentes.

« À chaque fois que je parle avec quelqu’un, des liens se créent très vite, assure Mary. C’est comme si j’avais un nouveau petit-fils ou une nouvelle petite-fille. Certains d’entre eux m’ont d’ailleurs invitée à venir au Brésil. On se parle beaucoup, on se rappelle régulièrement, et forcément, on partage beaucoup de choses. Sur nous, sur nos vies, sur nos parcours. On découvre la culture de l’autre, et on apprend beaucoup. Très vite, on oublie la question de la langue, de l’apprentissage. Ce sont des moments intenses, parfois très émouvants. »

Un projet spontané

Du côté du centre d’apprentissage, on n’abandonne pas pour autant les étudiants à leurs nouveaux correspondants. « Chaque conversation est enregistrée, et les professeurs visionnent les échanges, explique Vanessa Valença. Ils peuvent ainsi, par la suite, débriefer avec chaque étudiant, apporter des corrections, des explications, des conseils. Ils peuvent aborder un vocabulaire spécifique qui a manqué, ou travailler sur des constructions grammaticales précises. »

À l’origine du projet, pas de grande révélation ou de brainstorming poussé, mais un simple constat. « Nos étudiants veulent améliorer leur anglais, et nous privilégions toujours les approches plus réelles, plus humaines. Alors, en cherchant des interlocuteurs natifs, on a pensé aux seniors vivant en maisons de retraite. » Si l’obstacle technique a rapidement été franchi, les outils gratuits et simples d’utilisations étant de plus en plus développés, il a cependant fallu trouver des maisons de retraite intéressées par le projet. « Les convaincre n’est pas la partie la plus difficile, car les bénéfices pour tout le monde sont assez évidents, raconte Vanessa. Mais il faut un certain nombre d’équipements, au-delà des ordinateurs et de la connexion internet, notamment en termes de caméras et de micros. Mine de rien, le coût peut rapidement monter et en fonction de l’échelle d’un établissement, ce n’est pas toujours supportable, ou en tout cas ce n’est pas la priorité dans les dépenses. »

Finalement, les partenaires ont afflué et le programme a rencontré un franc succès. « On a d’un côté des étudiants qui veulent parler anglais, de l’autre des seniors américains qui cherchent à qui parler : c’est un échange gagnant-gagnant. Ça ne peut que fonctionner… » Et les porteurs du programme n’oublient jamais les effets vertueux découlant de leur plateforme. « Notre projet n’a pas seulement une portée en termes d’éducation. En sortant des seniors de l’isolement, en créant du lien intergénérationnel, cette conversation a priori anodine devient un acte de solidarité et de développement personnel. » Car il ne s’agit pas seulement de faire de ces jeunes gens de meilleurs étudiants, mais aussi, tout simplement, d’en faire de meilleures personnes.

– Analyse –

Par Dominique Thierry, président de France Bénévolat

Que pensez-vous de l’idée du « Speaking Exchange Program » ?

Elle me semble tout à fait pertinente. C’est un système gagnant-gagnant comme il en faut dans le domaine du lien intergénérationnel. Elle correspond exactement à l’esprit que nous essayons de développer en France. Tout est basé sur la réciprocité. D’un côté, pour les jeunes, c’est une chance de pouvoir apprendre ainsi une nouvelle langue. Et de l’autre, il y a la reconnaissance d’un savoir faire, d’une compétence de la personne âgée, qui déclenche un sentiment d’utilité. À partir du moment, où vous êtes utile à la société, vous quittez votre situation de dépendance et vous retrouvez une identité. Les Ehpad ne doivent pas être des lieux pour survivre, mais des lieux pour vivre. C’est donc un bel exemple de solidarité intergénérationnelle.

Cela ne vous surprend pas que le programme ait du succès du côté de la maison de retraite ?

Pas du tout. Il y a vraiment ce besoin d’être utile qui est très présent chez les personnes âgées. Je vais vous donner un exemple. Dans une maison de retraite où nous avons monté un projet de poulailler, nous avons mis en place le processus, puis nous avons fait une réunion d’information pour l’annoncer aux personnes âgées. Eh bien ils ont râlé ! Ils étaient évidemment d’accord pour participer à la gestion, mais ils auraient préféré être impliqués dès le début du projet. Nos vieux ont du talent, ils n’attendent que de pouvoir le mettre en valeur.

Actuellement n’est-ce pas le cas en France ?

Dans la représentation française, nous sommes beaucoup trop compassionnels. On dit d’un côté « Ah les pauvres jeunes que l’on a laissés sur le bord du chemin, 1,8 million en tout, la honte de ce pays. » Et il y a de l’autre côté « tout ces vieux qui sont si seuls ». Alors, que faire pour chacune de ces catégories ? C’est un défaut français de toujours avoir une approche en prenant le problème. On en arrive à dire dans ce pays que les jeunes sont un problème et que les vieux aussi. Nous on essaye de dire qu’il faut raisonner en termes de solutions, et notamment celles du lien intergénérationnel. Une partie de la solution contre l’éclatement social de ce pays vient du fait qu’il faut que les gens rapprennent à faire des choses ensemble. Pour y arriver, il faut arrêter de catégoriser les gens. Arrêter de dire, il y a les jeunes de banlieues donc il faut une solution pour eux. Il y a les vieux dans les campagnes, il faut aussi une solution pour eux. Il y a les décrocheurs, il faut encore une solution pour eux. La clé est dans l’action collective. Tout le monde y gagnera.

“Chaque bassin de vie est différent et doit se poser la question de comment monte-t-il son projet en fonction de ses spécificités.”

Est-ce possible de faire collaborer toutes ces fameuses catégories ?

Bien sûr ! Pour cela, il faut abandonner notre système très français du descendant. Tout ne doit pas venir d’en haut. Chaque bassin de vie est différent et doit se poser la question de comment monte-t-il son projet en fonction de ses spécificités. Un projet ne peut pas se monter sans avoir une notion de territorialité. Il doit être concret, si possible innovant comme le vôtre au Brésil, et permettre à un maximum de catégories de collaborer. Cela aidera en outre à vivre en collectivité, car si on pousse ces gens aux profils très différents à faire des choses ensemble, ils se détesteront moins. Il n’y a rien de mieux qu’un projet commun pour apprendre à se connaître, et s’apporter mutuellement quelque chose.

Au Brésil, cette initiative demande l’usage des nouvelles technologies. Cela peut-il être un frein ?

Pas tant que cela. Au contraire, cela permet d’apprendre aux personnes âgées à se servir de ces technologies, et ils pourront les utiliser à d’autres moments. La webcam par exemple, peut leur permettre de dialoguer avec leurs petits-enfants, qui sont de plus en plus aux quatre coins du monde. Quand on dit que les familles ne s’occupent plus de leurs ainés, ce n’est pas si vrai que ça. C’est juste que quand la grand-mère est à Bordeaux et que le petit-fils travaille à Sydney, c’est plus compliqué qu’à une époque où ils étaient séparés par une seule rue ! Si ce n’est pas la webcam, ça peut aussi juste être prendre une photo et l’envoyer aux amis de l’ancien quartier pour donner des nouvelles ! En plus, les retours que nous avons montrent que les personnes âgées se mettent très bien à toutes ces techniques, il faut juste les leur apprendre.

“La nouvelle génération ne peut se reconstruire si elle ne connait pas ses racines, son histoire”

Cela peut justement être l’occasion d’amorcer le partage entre deux générations…

Exactement. Nous avons plusieurs projets où des jeunes et des associations de photos vont montrer leurs projets dans des maisons de retraite. Ils viennent leur apprendre à se servir des nouvelles technologie aussi. Tout le monde peut y gagner. Si on prend les jeunes qui sont les plus « cabossés » par exemple, le contact pour eux avec les personnes âgées est très important. Les ainés vont avoir à leur égard une posture naturellement bienveillante, ce qui va leur faire du bien. Le professeur ou le conseiller en mission locale doit en permanence leur dire de se bouger les fesses. Ils ont donc une posture d’injonction, due à leur travail. Alors que les personnes âgées vont apporter à ces jeunes un autre discours, qui va leur permettre d’avoir une autre vision d’eux-mêmes. En plus de cela, le vieux, comme ils disent, va leur apporter sa mémoire. Les jeunes habitent un territoire sans le connaître. Nous menons un projet en Normandie, car pour certains, le débarquement est aussi loin que la guerre de cent ans… Mais quand vous faîtes témoigner un ancien sur ce qu’il s’est passé durant la guerre, les conditions de vie, etc, les gamins en reviennent fascinés. La nouvelle génération ne peut se reconstruire si elle ne connait pas ses racines, son histoire.

Pourquoi n’y a-t-il pas en France de projet comme le « Speaking Exchange Program » ?

C’est difficile à dire. Il y a des choses qui se font sur l’apprentissage de la langue, par exemple avec les réfugiés, des jeunes et des personnes plus âgés qui collaborent. Après, et votre livre va peut-être servir à cela, il faut une petite étincelle, qu’une association qui travaille dans ce domaine se dise « je fais déjà ça, mais je peux élargir ». Technologiquement ça me semble possible. Il faut juste que quelqu’un se lance. Il faut commencer par des petits projets modestes et progressivement on arrivera à quelque chose d’extraordinaire comme ce qu’il se passe au Brésil.

“Il faut favoriser la coopération entre les différents territoires, et surtout faire confiance aux initiatives locales”

Le secret pour réussir un projet dans le domaine du lien intergénérationnel, est-ce de rester petit ?

Il n’y a pas besoin que tous les acteurs du territoires soient présents pour que ce soit un succès. Il faut partir d’une idée, voir si elle peut fonctionner, et après réfléchir à comment fédérer d’autres associations, établissements scolaires ou collectivités locales pour renforcer l’équipe. Alors, on peut grandir, se connaître, travailler ensemble pour passer à un projet concret. Prenons un exemple. À Dieppe, une personne est venue en nous disant : ”j’aimerais organiser un thé dansant pour que les différentes générations se rencontrent”. Ce n’était pas grand-chose, c’était même vraiment modeste, mais on a dit, après tout, pourquoi pas ? Il a développé tout doucement son projet, et aujourd’hui certains jeunes du conservatoire de musique viennent faire des concerts dans le maison de retraite de la ville. Il y a aussi eu la création d’une radio locale, des projets de culture intergénérationnelle… Cette personne a su fédérer différents acteurs.

Que manque-t-il à la France pour réussir dans le domaine du lien intergénérationnel ?

Il faut casser la mauvaise dynamique enclenchée par deux facteurs différents dans les années 1970. D’abord, quand l’âge est devenu un motif d’exclusion dans le secteur de l’entreprise. Avec les mutations économiques, en France, on est devenu vieux de plus en plus jeune, et on reste jeune de plus en plus vieux. Ce qui veut dire que l’on a introduit la notion d’exclusion par l’âge avec pour conséquence de faire disparaitre la coopération intergénérationnelle dans le secteur de l’entreprise. Ensuite, quand le ”jeunisme” a été introduit par les pubs, où il faut en permanence être jeune, beau et dynamique. Il ne faut plus vieillir, la mort ne doit plus exister et on crée une coupure intergénérationnelle. Pour y remédier, je pense que cela passe par le fait d’oublier la tradition jacobine que la France peut avoir. Il ne faut plus que l’impulsion viennent d’en haut, de Paris. Il faut favoriser la coopération, notamment associative, entre les différents territoires, et surtout faire confiance aux initiatives locales.

– Tribune –

Adenilton Ferronha, entrepreneur social à Recife, à l’origine du projet, a accepté pour Territoires Audacieux d’écrire une tribune dans laquelle il s’adresse aux élus français.

« Je crois que la préoccupation, voire l’inquiétude face à la qualité des relations entre les générations, largement relayée par les médias, connaît une accélération substantielle, et beaucoup de travaux amplifient la problématisation de relations entre générations. En réalité, il faut ramener la question à sa formulation la plus simple : que peuvent s’apporter mutuellement les différentes générations ?

faut savoir que l’allongement de l’espérance de vie permet aujourd’hui de voir cohabiter quatre générations. Or, un écart se creuse entre les générations et l’on voit se développer un sentiment d’inégalité. La cellule familiale se transforme, les liens entre générations se distendent. Des jeunes peinent à entrer sur le marché du travail, à acquérir un logement, à s’insérer dans la société et restent plus longtemps au domicile familial; à l’inverse, des personnes âgées se retrouvent isolées ou sont touchées par la dépendance. La participation sociale des aînés tout comme l’avenir de la jeune génération dépendent donc d’une relation solidaire entre les générations. Ces relations sont un enjeu majeur, un ciment social indispensable.

En Amérique du sud, la place prise dans l’espace public par la résolution du problème intergénérationnel est telle que les acteurs du milieu se heurtent parfois aux actions publiques. Car souvent, nous sommes à la frontière entre les options politiques et les initiatives de terrain, et il est difficile, voire impossible, de trouver un acteur capable de faire le lien entre les deux. Je pense que cela est vrai partout dans le monde, et cette difficulté à réunir l’action politique et l’action citoyenne représente l’obstacle majeur aujourd’hui.

En Europe aussi, vous avez beaucoup d’actions sur cette thématique, et je crois que les responsables politiques réfléchissent aussi à cette question. La France a lancé un Plan national « Bien vieillir » en 2003, dont l’un des axes était la consolidation des liens intergénérationnels. En Allemagne, le « Dialogue des générations » est une des priorités, depuis 1997. Il existe même un « bureau de projets » supervisant et coordonnant des initiatives intergénérationnelles. En Suisse, le Conseil fédéral a lancé en 2000 un programme national de recherche autour des relations entre générations.

Toutes ces actions prouvent que tout le monde a bien compris l’enjeu intergénérationnel lié aux mutations actuellement à l’œuvre dans nos sociétés, que ce soient les mutations démographiques, liées à l’allongement de l’espérance de vie et au vieillissement de la population, ou les mutations sociales, liées à la mobilité géographique, à l’affaiblissement des liens communautaires, à l’individualisation et à la transformation de la famille. L’enjeu intergénérationnel étant clairement perçu, la nécessité d’agir n’échappe ni aux professionnels du champ de l’action sociale, ni aux responsables politiques. Reste à trouver un moyen de faciliter les rencontres et les interactions entre ces deux mondes. »

Propos recueillis par William Buzy et Baptiste Gapenne