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Nous avons également souhaité mettre en avant les initiatives de nos abonnés. Huitième exemple avec l’interview de Marion Adville, responsable et coordinatrice administrative du CCAS de Morières-lès-Avignon. Grâce à la création d’une « chaîne de solidarité », ensemble et bénévolement les différents acteurs de la ville ont tenté de répondre aux difficultés initiées par la crise sanitaire liée au Covid19 .
Comment vos équipes au sein du CCAS de Morières-lès-Avignon ont-elles pu vivre et réagir face aux différentes décisions gouvernementales dans le cadre de la lutte contre le covid19 ?
L’équipe du CCAS a dû faire preuve de beaucoup de pédagogie et d’empathie. En effet, il a fallu expliquer clairement les nouveaux modes de fonctionnement liés à la crise sanitaire et au confinement et faire preuve d’une écoute attentive afin de rassurer les personnes vulnérables et leurs familles qui ne pouvaient plus se déplacer pour leur rendre visite et leur apporter leur soutien. De plus, l’adaptabilité du service public a pris tout son sens car il a fallu réfléchir à de nouvelles méthodes de fonctionnement et à des réponses adaptées aux demandes émergentes des usagers liées au contexte sanitaire : augmentation du nombre de portage de repas à domicile, installation de modules de téléassistance pour notre prestataire qui ne le faisait plus, gestion dématérialisée de différents dossiers (par téléphone ou mail). Cela a demandé énormément de réactivité à l’équipe qui était diminuée en nombre du fait de la crise. L’absence d’agents pour garde d’enfant par exemple face à des décisions gouvernementales vécues comme brutales car prenant souvent effet rapidement. La gestion de cette crise a demandé de dépasser un premier sentiment de déstabilisation face à un contexte inédit. L’équipe du CCAS et les équipes de la collectivité au sens large se sont organisées pour travailler en partenariat et ce qui ressort après deux mois de gestion de crise c’est qu’on a pu voir émerger une solidarité importante entre services et projets innovants de la part d’agents.
Avez-vous réalisé des projets en partenariat avec d’autres institutions de la ville ?
La crise sanitaire nous a donc obligé à revoir nos modes d’actions et à accentuer le partenariat avec différents acteurs de la ville en terme de solidarité notamment avec une association caritative locale Solidarité Morières et l’hypermarché Leclerc local. Ces deux partenaires ont répondu rapidement et efficacement à nos demandes liées aux difficultés rencontrées par les administrés dans ce contexte économique tendu. La ville de Morières-lès-Avignon et le CCAS ont mis en commun leurs moyens pour réussir ce projet. Enfin, le service communication de la mairie a bien entendu été un partenaire fondamental afin de communiquer les nouveaux dispositifs. Notamment la mise en place d’une chaîne de solidarité, via tous les réseaux : site internet, magazine spécial confinement et page Facebook de la ville mais aussi créer du lien avec la presse locale.
En quoi consistait ce projet de « chaîne de solidarité » ?
Le projet de chaîne de solidarité a été initié par un agent du CCAS et validé par le Président du CCAS.
Il s’est composé de deux volets :
- Un appel aux dons a été lancé au sein de la population et des colis d’urgence ont été préparés avec les denrées récoltées et redistribués aux ménages en difficulté. L’association Solidarité Morières a également fourni des colis d’urgence sur demande du CCAS lorsque les dons n’étaient pas suffisants. Un lien vers le site Survio a été créé permettant aux administrés de faire leurs promesses de dons en ligne. Ils étaient ensuite recontactés par le CCAS et un agent se chargeait d’aller récupérer leurs dons à leur domicile en respectant les gestes barrières. Les denrées étaient ensuite stockées au CCAS où étaient également préparés les colis redistribués par la suite.
- Un service de livraison de courses de 1ère nécessité à domicile pour les personnes identifiées comme « vulnérables » a été instauré. Le contact a été pris avec l’hypermarché local Leclerc qui s’est montré très réactif et généreux allant au-delà des commandes en proposant des dons aux clients vulnérables : livres, chocolats… Les commandes étaient prises quotidiennement par les agents du CCAS pour être transmises à l’hypermarché par mail. Elles étaient préparées le lendemain matin et les factures nominatives par client transmises par mail au CCAS. Il s’agissait ensuite pour le CCAS d’appeler les clients pour les informer du montant de leurs achats. Un agent habilité par le Président du CCAS passait récupérer les règlements uniquement par chèque pour éviter les manipulations d’argent, allait à l’hypermarché faire valider les règlements et récupérer les commandes pour ensuite les livrer. Une attention particulière a été apportée sur le respect des gestes barrière lors des contacts avec ces personnes vulnérables. Une centaine de livraisons a été assurée au cours des deux mois de confinement.
Quels étaient ses objectifs ?
La chaîne de solidarité avait pour objectif principal de répondre aux difficultés initiées par la crise sanitaire liée au Covid19. Le volet « dons » a permis de lutter contre les difficultés financières dues à la précarisation brutale du monde du travail : mise au chômage partiel, perte d’emploi …. Le volet « livraison de denrées de première nécessité » a permis de répondre à l’exigence gouvernementale de confinement des personnes vulnérables mais également de créer un lien social pour des publics isolés et de ce fait de créer une veille sociale des publics fragiles de la commune.
Quel impact ce projet a t-il eu ?
On peut dire que la chaîne de solidarité a eu des effets positifs. D’une part, les bénéficiaires de dons étaient globalement satisfaits d’avoir obtenu une réponse rapide à leur demande d’aide alimentaire. D’autre part, les bénéficiaires de la livraison de denrées de première nécessité ont également été satisfaits de ce service et ont d’ailleurs sollicité sa pérennisation à la sortie du déconfinement. Le seul point négatif qui ressortait était l’impossibilité de commander des produits frais car le CCAS ne pouvait assurer la chaîne du froid mais les administrés étaient alors orientés vers les commerces de proximité tels que la boucherie ou le primeur qui s’étaient également adaptés au contexte en assurant la livraison à domicile. Enfin, ce projet a permis de resserrer les liens entre les services de la ville et du CCAS.
Est-ce que votre CCAS a su s’adapter à cette hausse du nombre de personnes en difficultés ?
On peut penser que le CCAS s’est effectivement adapté à la hausse du nombre de personnes en difficulté en raccourcissant les délais de réponse : les demandes d’aides d’urgences étaient traitées en général sous 24 à 48h ; les portages de repas à domicile dont le nombre avait augmenté de moitié étaient mis en place sous 24h grâce également à la réactivité du traiteur prestataire. De plus le contexte a permis l’émergence de dispositifs répondant aux demandes nouvelles des usagers.
Du fait de la situation actuelle, avez-vous spécifié vos actions à Morières-lès-Avignon ?
Durant le confinement les actions se sont spécifiées pour répondre aux demandes particulières liées au contexte sanitaire. Il est évident que certains évènements comme la réouverture de la crèche municipale ou des écoles ont demandé des protocoles spécifiques mobilisant une majorité des équipes municipales mais les services habituels ont continué à être proposés aux administrés de la commune permettant d’assurer la continuité du service public. Cela a nécessité de revoir les modes de fonctionnement des services en allégeant les procédures mais aussi de renforcer la communication avec la population.
Propos recueilli par Maëlle Alibert