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Amboise (37) : la communauté de communes crée des espaces pour réduire la fracture numérique

Une imprimante 3D

La lettre de l’impact positif s’intéresse cette semaine au Pep’it Lab. Ce projet, initié par la communauté de communes Val d’Amboise, a pour objectif de réduire la fracture numérique des habitants du territoire, et aider la transition numérique des entreprises. Des services accessibles à tous, déclinés dans deux lieux différents : un fablab dans le centre-ville d’Amboise, et un espace atelier et sensibilisation dans un quartier prioritaire de la ville.

Les équipes de Territoires-Audacieux.fr ont interviewé Jawad Khawrin, chargé de mission au développement économique de la communauté de communes Val d’Amboise, pour en savoir plus sur ce projet.

Cette initiative a été repérée suite au « Concours : initiatives coup de coeur » co-organisé avec Villes au Carré

Sommaire:

– Mise en place du projet –

Votre territoire souffre d’une fracture numérique. Comment l’avez-vous distinguée ?

En 2017, nous avons fait une étude à ce sujet. Nous avons constaté une fracture numérique pour les particuliers et une transition pour les professionnels. Ce phénomène touchait la moitié de la population.

Le territoire Val d’Amboise, composé de 14 communes et d’environ 25 000 habitants, est un territoire rural. D’un côté, le très haut débit se fait attendre car les raccordements à la fibre sont en cours de réalisation. De l’autre, beaucoup d’habitants sont désemparés face à la numérisation accélérée de la société. Les outils, leur utilisation et les procédures dématérialisées ne sont pas à la portée de tous. Nous devions donc répondre à cette carence sur le territoire. 

Quelles étapes ont mené à la construction du Pep’it Lab ? 

Nous avons appris qu’il y avait un appel à projet « tiers lieux », lancé en 2016 par la région Centre-Val de Loire en partenariat avec le Feder (Le fonds européen de développement régional). Nous y avons donc répondu. Nous voulions que le Pep’it Lab (le laboratoire de la pépinière) soit le laboratoire numérique de la pépinière, qui existait déjà. Elle accompagne une dizaine d’entreprises à se développer pendant quatre ans. Nous avons été retenus, donc en 2017, nous avons préparé le projet qui a vu le jour en 2018. 

Avez-vous rencontré des porteurs de projet de la même sorte ?

Oui, nous avons fait un état des lieux donc nous sommes partis à la rencontre des fablabs de la région, notamment ceux d’Orléans, de Vendôme, de Tours et de Blois. C’était un vrai travail de benchmarking. 

Quels étaient alors les objectifs du projet ? 

Ils étaient assez logiques. L’un d’eux était d’atteindre tous ceux qui étaient éloignés du numérique pour les accompagner, que ce soit des particuliers ou des professionnels. L’autre était un enjeu social, de faire se rencontrer les habitants. C’est pourquoi nous avons ouvert deux endroits : un dans un quartier prioritaire et un en centre-ville. Nous aurions pu tout regrouper mais ça permet une interaction entre ces quartiers, qui sont loin l’un de l’autre. 

– Le projet aujourd’hui –

Aujourd’hui, comment fonctionnent ces lieux ? 

Celui situé dans le quartier prioritaire fonctionne comme un atelier où les habitants viennent avec leurs questions. Un animateur est présent pour les former à l’usage du numérique plusieurs fois par semaine. Il fait un bilan des besoins et propose un parcours totalement gratuit. Il aide le public sur le moment à, par exemple, imprimer un document, utiliser un ordinateur ou expliquer comment remplir une déclaration d’impôt. Notre but est de sensibiliser sur des questions et des démarches de la vie quotidienne, mais de tout faire à leur place. Si certaines personnes souhaitent aller plus loin, nous avons des partenariats avec des structures de formations comme le Greta ou les chambres consulaires, pour prendre en charge les candidats aux formations des outils numériques.  Nous organisons également des événements autour du numérique comme des coding goûters. 

Le deuxième lieu est un fablab, au centre-ville d’Amboise. Des machines, comme des imprimantes 3D, des découpeuses laser ou des brodeuses, sont à disposition des particuliers et des professionnels. L’animateur est également présent dans ce lieu. Dans les deux lieux, les horaires ont été adaptés à la demande. Au début nous ouvrions plutôt la journée, mais maintenant c’est le soir jusqu’à 21h et le samedi. 

Quel public recevez-vous ? 

Tout type de public. Pour les particuliers, ça va des enfants qui viennent avec leurs parents aux coding goûters, jusqu’aux personnes âgées qui veulent créer une page Facebook. Quant aux entreprises, ce sont souvent de petits artisans ou des créateurs qui n’ont pas les moyens pour acheter les machines que l’on propose. Ce sont des demandes ponctuelles, au cas par cas.

– Dupliquer le projet –

Quel impact cela génère-t-il sur votre territoire ?

Nous accueillons plus de particuliers que d’entreprises. Les jeunes, les personnes âgées et les bricoleurs passionnés sont notre principal public. Quant aux professionnels, nous en avons peu, ils ne nous ont pas attendus pour faire leur transition numérique.

Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?

La principale difficulté que nous rencontrons est actuelle. Les fonds Feder se sont arrêtés fin 2019. Nous devons désormais trouver un modèle économique viable pour pérenniser la structure. Pour l’instant, le projet est géré par la communauté de communes, mais nous souhaitons que ce soit repris par une structure indépendante du territoire comme une association. Les lieux pourraient fonctionner comme dans d’autres fablabs, sur un modèle d’adhésion des utilisateurs.

Combien vous a coûté le projet ?

114 000€ sur trois ans. Les subventions du Feder nous ont aidés à hauteur de 55 285 euros sur trois ans. La politique de la ville nous a apportée 8 200 euros par an, et le reste provient des investissements de la Communauté de communes. Cela nous a permis d’investir dans des machines et d’embaucher l’animateur. Maintenant, il n’y a plus que des frais de fonctionnement à payer.

Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à un territoire qui souhaite mettre en place ces mêmes types de lieux ?

Il faut que le projet soit le plus concret possible, et donc qu’il réponde à de réels besoins des habitants. Pour cela, il est important de faire un état des lieux et de proposer un accompagnement adapté avec un bon niveau d’expertise de l’animateur et des machines. 

Quelle est la prochaine étape ?

Une fois que nous aurons trouvé un modèle économique, nous aimerions nous développer au-delà des deux lieux déjà existant. Notamment accompagner d’autres communes très rurales qui entourent Amboise. 

Propos recueilli par Léa Tramontin